jeudi 11 septembre 2014

Grotte de Pyrène – Ansabère (2)

Dimanche 15 juillet 2012


Participants :   
G. Cazenave, P. Fillon, S. Coupet, J. Labat (SSPPO)
C. Gastéréguy (GSO)



« THE » Grand Jour ! Nous sommes motivés à l’aurore d’une journée que nous pensons mémorable. Elle le sera, mais pas seulement dans le sens escompté. Nous aurions dû nous en douter dés 7h20 (heure du RV), le temps de constater que nous avons oublié les goujons ! Demi tour, retour à Lescar pour récupérer les précieux ustensiles.
8h20, Oloron : Gwen devrait être là. J’appelle :
«  Agur Gwen! T’es ou ?
-          (voix pateuse) :  Qui c’est que c’est ?
-          C’est moua !
-          Ah ! Euh…. Je suis au lit…
-           !!!
-          Ben, y ‘avait un concert hier soir et, euh, je sais plus ce qu’ y’a eu…
Nous voila donc plus que 5 avant de commencer.

C’est accompagné de Jean Pierre, Kitou plus 3 autres porteurs bénévoles que nous entamons la montée vers les aiguilles sous une couverture nuageuse masquant le haut des parois.

Après une collation dans le brouillard, nous entamons la montée des cordes. Une cordée d’alpiniste est en train de gravir la voie Despiau – Luquet, à quelques dizaines de mètres de nous. Je ne sais si c’est le brouillard, mais l’ambiance est étrange, en tout cas originale comparée à l’obscurité des puits habituels. J’avoue une pression inhabituelle.

L’équipement impeccable me permet de m’engager après 120m de verticale dans le méandre protecteur, manquant donner un coup de bottes puis un coup de kit à une nichée de chocards.
Soudain, un hurlement suivi d’un choc. Quelqu’un est tombé ! La trouille m’envahit. Pierre me soulage aussitôt : c’est un grimpeur voisin qui a chût. Ses cris de douleurs résonnent bientôt. Pierre puis Sébastien me rejoignent, tandis que Gérard et Christine redescendent les quelques longueurs qu’ils avaient déjà gravi et entreprennent de communiquer avec la cordée immobilisée, d’appeler les secours…

« Bon, qu’est ce qu’on fait ?
-          De toute façon, on sert à rien ici en haut ; Gérard à crié qu’un hélico allait arriver.
-          On continue alors ?
-          Ouaip
-          Et les cordes qu’ils avaient ? Et la topo que devaient faire Gérard et Christine ?
-          On dira que c’est de leur faute si elle n’est pas faite. Pour les cordes, on y va, on verra plus loin.

Nous progressons dans le méandre. Je n’avais pas le souvenir qu’il était aussi étroit ni aussi haut. Nous errons (lentement) pour trouver les passages les plus larges et entamons l’équipement. En fait, c’est l’écartement des parois (et donc la possibilité de positionner le perfo) qui commande l’emplacement des points. Chaque mauvaise anticipation et positionnement (tête tournée à droite ou à gauche, progression sur le coté ou pas…) est sanctionnée de raclements, de hougnage, de jurons puis d’une marche arrière hasardeuse. Bien entendu, les kits ne collaborent pas  pour faciliter les manœuvres. En plus, les parois sont râpeuses, ce qui est bien pour l’adhérence, mais moins pour les combi (surtout en marche arrière !). La cavité aspire.
26m de MC sont posés dans le fracas de l’hélico qui intervient à l’extérieur. C’est marrant comme les bruits pénètrent bien dans ce beau méandre.

Pierre désescalade la moitié du puits sans s’en apercevoir. Un fractio et Sébastien prend pied au bas du méandre. C’est vaste (3m). Le sol et les parois sont tapissés de glace translucide. Ce sera le Puits Gervais (P10 ?). La glace doit se former lorsque la cavité aspire (depuis le haut du méandre) l’air glacé de l’hiver. L’an dernier, il n’y avait que quelques rares glaçons.
Un passage entre des blocs couverts de glace ne donne rien ; de toute façon, on n’a plus de corde. Nous envisageons de rabouter les pédales, mais bon…

















 Bas du puits Gervais










La suite est quelques mètres plus haut : le méandre se poursuit, un peu plus large qu’avant (sur les premiers mètres au moins). Une grosse colonne de glace s’élève sur une paroi.

Gérard nous appelle, apparemment coincé au milieu de la MC. Visiblement peu motivé pour poursuivre sa progression laborieuse, il retourne vers la surface. Nous aussi, nous remontons, bien gelés par l’ambiance congélateur du lieu.

Le retour semble plus large que l’aller (il est vrai que le reliquat du matos est laissé en haut du puits Gervais).
La descente sur corde dans l’ouate du brouillard est encore plus fantomatique. Gérard et Christine nous relatent l’hélitreuillage tout en descendant dans les éboulis. Marcel le berger, volubile, nous réchauffe d’un café en échangeant sur les mœurs des spéléos, des brebis, des patous et autres touristes.